COMPRENDRE PAR QUI ET POURQUOI L'AVICULTURE MONDIALE EST MENACEE D'EXTINCTION

 "Connaître son ennemi, c'est déjà l'avoir à moitié vaincu"
J'ai élevé avec passion depuis l'âge de cinq ans des animaux de basse-cour mais aussi des oiseaux de cage et de volière (faisans, canards, canaris, exotiques, perruches et perroquets) et j'ai appris à l'école que depuis Descartes, c'était la Raison qui guidait l'esprit humain et que c'était d'ailleurs elle qui nous avait fait entrer à l'époque moderne. Ressentant peut-être plus fortement que tout autre l'injustice, j'ai toujours chercher à comprendre pourquoi des gens essayaient de nous empêcher de sauver des espèces en voie de disparition, pourquoi nous accusaient-ils avec dégoût de "mettre des oiseaux en cage' 7 Mors que pour moi, il était évident que nous ne faisions que le Bien Mon esprit critique me commandait de me mettre a leur place. Leurs arguments étaient-ils rationnels, irrationnels? Sur quoi s'appuyaient-ils? Et finalement, n'était-ce pas eux qui avaient raison?Aujourd'hui, mes études de Sciences-Politiques et de Droit, ainsi que la lecture de nombreux livres et revues étrangères (notamment la revue avicole allemande "Die (Geflûgel Bôrse") m'ont permis de comprendre.Le constat de leur puissance et de leur folie me glace le sang.Mais au moins, je sais maintenant pourquoi nous avons raison et eux tort, et c'est ce que j'aimerais vous démontrer dans cet article.
1. Une question de vision du monde: la place de l'Homme par rapport à la Nature

Il est vrai qu'au cours des deux derniers siècles, l'être humain a et continue à gravement endommager la Nature. Les pluies acides, la déforestation dramatique des forêts poumons de notre planète, Tchernobyl, la pollution de l'eau, de l'air, des océans et de la Terre sont autant de plaies béantes qui ont provoqué une prise de conscience.Or, il existe deux conceptions des problèmes que pose l'environnement".L'une accepte les valeurs de la modernité ainsi que le développement industriel et technique. Simplement, elle en souligne les limites et les dangers et entend agir pour les corriger. Cette idéologie est centrée sur l'Homme: protéger la Nature, c'est protéger l'Homme dans la mesure où il s'agit de préserver la qualité de l'endroit où il vit, son environnement, la Terre. Ce courant est donc "environnementaliste". En philosophie, il est basé sur une vision dite "anthropocentriste". Il reconnaît que l'Homme n'est plus un pur produit de la Nature car il s'est libéré de ses contraintes et de ses lois grâce à la Science à l'époque moderne (pensons par exemple aux 'bienfaits" de la médecine). De plus, l'Homme est un être de culture, capable de se donner une morale. Tout cela le distingue des animaux et des plantes.La seconde conception considère que l'Homme n'est qu'une espèce parmi des millions d'autres. C'est pourquoi, on parle d'écologie", le terme dérivant d'oikos, la "maison" en grec. La Nature n'est plus ce qui est "autour" de ["Homme", son "environnement", mais sa demeure essentielle.Tout cela est très bien expliqué dans le livre "Le nouvel ordre écologique" (Paris, Grasset 1992) du philosophe Luc Ferry, que je vous encourage tous à lire.Cet auteur distingue l'écologie réformiste (ou shallow ecology) de l'écologie radicale dite "profonde" (traduction de l'anglais "deep ecology".L'écologie rejette les valeurs de la modernité, 1' "humanisme" et le développement industriel. Cette idéologie est une réaction extrémiste (basée sur les sentiments et non pas la raison) aux atteintes elles aussi extrêmes qu'a fait subir parfois l'Homme à la Nature. Un extrémisme en appelle toujours un autre.Cette idéologie a la haine de l'Homme. Il ne s'agit plus de protéger l'Homme contre lui-même, il s'agit de préserver le cosmos des atteintes de son principal prédateur.La Nature n'est pas conçue comme un "environ" de 1' Homme, mais comme une valeur suprême à laquelle il doit se plier. Cette soumission est perçue comme un retour à un ordre naturel antérieur, la magnification de la brutalité de la Nature et de sa sauvage.Il faut revenir à une Nature sauvage.Luc Ferry a très bien démontré la proximité de ces idées (ces concepts dit-on en philosophie) avec celles des nazis, qui, eux aussi, vénérait la force brute de la Nature, le combat pour la survie et la domination, et le retour à un ordre naturel antérieur inspiré par la nostalgie du passe.Dès lors tout s'éclaire: s'il faut revenir à une Nature sauvage, alors l'animal domestique et d'ailleurs, tout le processus de domestication est une aberration.C'est le fondement de la pensée de ces gens là, et c'est pourquoi ils s'en prennent à nous, éleveurs d'animaux domestiques ou en voie de domestication.
2. Leur puissance: cacher leur motif réel derrière des motifs apparents
légitimes en faisant appel à la sensibilité.

Partout, les thèses de ces écologistes extrémistes sont en passe de triompher.Leur premier grand succès en France s'est réalisé lors de l'élaboration des décrets et arrêtés qui ont suivi la Convention de Washington.Par mesure de protection - l'idée est excellente et nécessaire - la Convention de Washington interdit de tout trafic (transport, commerce, etc..j les espèces d'animaux sauvages en voie de raréfaction ou extinction, classées dans différentes annexes.Le problème est que beaucoup de ces animaux existaient depuis longtemps à l'état domestique ou sont en cours de domestication chez les éleveurs où ils se reproduisent très bien. Ces écologistes extrémistes ont réussi à convaincre les pouvoirs publics qu'il n'existait que des animaux sauvages. Si nous les possédions, c'est donc que nous les avions prélevés dans la nature, que nous les retenions "captifs" illégalement et puisque nous cédions parfois les jeunes, nous étions de dangereux trafiquants.Ces extrémistes ont nié le processus de domestication.Par la domestication, l'Homme fait perdre à l'animal génération après génération sa peur instinctive. Il l'habitue tout doucement à sa présence et à sa maison (domus en latin) pour le rendre familier et confiant. L'Homme élève alors ses animaux soit en raison d'un besoin alimentaire bien légitime, soit en raison d' un besoin affectif sous la forme d'animal de compagnie.Or, la plupart des espèces inscrites dans les annexes de la Convention de Washington (telles que les faisans, les canards et tous les oiseaux dits "d'ornement") sont des espèces qui sont chez nous en voie de domestication. Du reste, heureusement pour elles, car nous mettons tout notre amour, toutes nos connaissances scientifiques et toute notre passion désintéressée de tout profit pécuniaire à les faire reproduire pour les sauver à l'état domestique, alors qu'en face, leurs ancêtres sauvages voient leur nombre se réduire pour la seule et unique raison que leur biotope naturel est en train d'être détruit ou pollué. Contre cela, les usurpateurs du titre de "protecteurs de la Nature" n. arrivent pas à lutter, c'est pourquoi ils s'attaquent à nous, qui sommes les plus faibles en nombre, les plus mal connus du grand public et de l'Administration et donc les plus faciles à éliminer.Et ils osent sans aucune honte renverser les causes et les conséquences et prétendre que "c'est à cause des aviculteurs qui prélèvent des oiseaux sauvages dans la Nature à fin de domestication que leur nombre diminuerait (lire "Demain les oiseaux" préfacé par Allain Bougrain-Dubourg), entretenant par là même le trafic international".S'il est vrai qu'il faut bien, au départ, plusieurs centaines de couples d'oiseaux sauvages pour commencer l'étude et le processus de domestication, il est faux que nous soyons à l'origine de la disparition de ces espèces! Car le bilan est largement positif en notre faveur.Si l'on prélève 5000 couples d'oiseaux dans la Nature et que seulement trois générations plus tard 100.000 jeunes en sont issus, cela semble plus que positif, non?!Deux exemples: en 1947, il ne restait plus que 7 bernaches d'Hawaï. Aujourd'hui, grâce au savoir faire et à l'amour des éleveurs, les effectifs de cette magnifique petite oie se situent environ à 400.000 individus. Y a-t-il plus bel exemple de réussite?Le perroquet "amazone' (il en existe différentes espèces toutes aussi belles les unes que les autres) disparaît malheureusement au même rythme que la forêt du même nom. Les éleveurs en possèdent des milliers et arrivent à avoir chaque année de nombreux jeunes confiants envers l'Homme. On leur apprend même à parler et ils sont les amis des enfants et des personnes seules.Qui pourrait être assez stupide pour croire que nous avons encore besoin de capturer dans la Nature des perroquets qui ont conservé leur peur de l'Homme, alors que nous élevons chaque année des centaines de jeunes qui sont parfaitement calmes, adaptés à notre climat et habitués à la présence humaine?Qui pourrait être assez stupide pour croire que quelqu'un qui met tant d'amour, de volonté et d'efforts -toutes valeurs positives- à sauver ces espèces (parfois en se relevant trois fois par nuit pour nourrir des bébés perroquets par exemple) sans aucune autre récompense qu'affective, est un dangereux criminel?Nous réclamons, ce qui n'est que justice, un statut de l'animal domestique ou en voie de domestication, qui sera ainsi différencié de l'animal sauvage grâce à une identification inviolable.Cette identification inviolable, qui prouve bien 1' origine d'élevage des oiseaux domestiques existe déjà: c'est une bague fermée avec le numéro de l'éleveur, le club, l'année et le numéro de l'oiseau que l'on passe à la patte de celui-ci lorsqu'il est bébé. Puis la patte grossit et on ne peut plus retirer la bague.Pourquoi dans ces conditions la France s'obstine-t-elle a transgressé l'esprit de la Convention de Washington et des textes qui en découlent?Je rappelle que la position actuelle de la France a été désavouée et condamnée par la troisiême chambre de la Cour de Justice des Communautés Européennes dans un arrêt du 8 février 1996, qui stipule dans son considérant numéro deux que: "La directive précitée ne s'applique pas aux spécimens d'oiseaux nés et élevés en captivité".L'arrêt précise encore que: "les espèces nées et élevées en captivité ne sont pas des espècessauvages et n'ont pas à être prises en compte dans le règlement européen."Pour résumer, la Cour de Justice a parfaitement fait la différence entre les espèces qui sont nées dans la Nature (et qui sont donc à l'état sauvage) et leurs homologues nées dans nos élevage, aussi modestes soient-ils (et qui sont d'origine sauvage car elles avaient des ancêtres qui étaient sauvages).Si le droit originaire et dérivé européen s'impose au droit interne français et si les interprétations de la CJCE s'imposent aux tribunaux français, alors je demande solennellement au gouvernement français de mettre le droit interne français en accord avec le droit européen et avec cette position pleine de sagesse de la Cour qui éviterait que plus de 30.000 personnes, issues de tous les milieux socioprofessionnels et de tous les horizons, ne soient injustement et quotidiennement persécutées.Comment des gouvernements modérés peuvent-ils se laisser influencer par des mouvements de pensée extrémistes dont ils ne partagent pas les concepts philosophiques? C'est assez incompréhensible.Si seulement ceux qui se disent être les "seuls protecteurs de la Nature" pouvaient comprendre combien nos connaissances et nos savoir-faire pourraient leur être utiles s'ils s'alliaient avec nous. Nous aussi pensons que la Nature sauvage ne doit pas disparaître, doit être protégée et peut vivre en bonne intelligence avec la civilisation des Hommes. Nous aussi l'admirons et pensons qu'elle est encore riche d'enseignements.Nous aussi luttons contre la destruction des biotopes naturels, des ères de nidifications, contre la pollution et contre les abus de la chasse.Nous aussi accrochons des nids en bois dans les forêts et nourrissons les oiseaux sauvages dans nos jardins en hiver quand ils en ont besoin. En outre, si un jour ensemble, nous arrivons à protéger ou recréer les biotopes qui avaient été détruits (comme c'est le cas pour les faisans en Asie par exemple), alors vous serez heureux de pouvoir retrouver chez nous des espèces que nous avons sauvegardées et dont les jeunes pourront être "déshabitués" à l'Homme et réintroduits dans leur habitat naturel. De grands programmes scientifiques de coopération fonctionnent déjâ entre groupements d'éleveurs et pays (exemple: le World Pheasant Association et le Viêt-Nam). N'est-ce pas la preuve de ce que j'avance ? N'est-ce pas la preuve que la paix et l'entente ont toujours mieux valu que la guerre et l'irrationalité? Mais revenons à l'actualité: en Allemagne, l'écologie profonde (qui influence la majorité des "Grùnen" c'est à dire les Verts) vient de lancer une nouvelle offensive contre les éleveurs. Plusieurs professeurs d'Université, chercheurs ou docteurs reconnus internationalement (pour d'autres travaux) et adeptes de ce courant de pensée ont élaboré une thèse très sérieuse qui cherche à prouver que les races de poules (mais aussi de volailles, pigeons et lapins) qui ont des pattes plus courtes que les autres, des crêtes plus grandes, des huppes, des queues plus longues sont des animaux torturés. L'Homme aurait inventé et sélectionné ces races uniquement dans le but de les torturer.
Le grand argument de ces soi-disant protecteurs est que si ces races étaient lâchées dans la Nature, elles ne survivraient pas longtemps, et que la Nature n'aurait jamais inventé des monstruosités pareilles.
Tout ce raisonnement de bas étage est, une fois de plus, archi-faux et facile à démonter. En premier lieu, si l'on réfléchit comme eux : on ne peut que constater que la Nature a doté de nombreux animaux de multiples "handicaps". Ainsi, le paon, avec son immense queue, est bien lourdement handicapé pour ftiir ses prédateurs. Que dire du toucan qui porte plusieurs kilos sur son bec? Et l'albatros qui ne peut jamais atterrir correctement? Et ces pauvres émeus et ces pauvres autmches qui ne peuvent pas décoller?En second lieu : croyez-vous que l'Homme moderne et civilisé, habitué â un certain confort, vacciné, etc. . . , survivrait longtemps s'il était plongé 4000 ans en arrière et obligé de vivre tout nu dans la forêt?Toutes les espèces évoluent et s'adaptent à leurs conditions actuelles de vie.Je ne vois pas pourquoi il faudrait que toutes les races de volailles puissent vivre par elles-mêmes dans la forêt alors que nous n'avons pas du tout l'intention de les y relâcher, pas plus que nous avons l'intention de retourner y vivre.Quant à l'argument fallacieux que l'Homme aurait créé ces races pour son seul plaisir esthétique et qu'elles souffriraient, il méconnaît vraiment l'intérêt de l'Homme qui est d'avoir des volailles en pleine santé et qui les a sélectionnées uniquement dans le but de les adapter aux différents climats, aux différents types de sol, aux différentes conditions d'élevage, et ce pendant des siècles, ce qui a donné naissance à une richesse génétique inouïe et a permis de maintenir la biodiversité.D'après eux, les races, qui possèdent une huppe, souffriraient du fait qu'elles ne voient pas assez bien, ce qui a déjà contraint nos amis allemands à réduire la taille de la huppe des padoues et des hollandaises dans le but d'échapper à ces critiques. Or quiconque a déjà élevé ces volailles sait que la huppe ne les gêne pas pour trouver leur nourriture, qu'elles sont pleines de vie et gaieté et que l'argument de la souffrance est plus que grotesque.
Il n'est de toutes façons qu'un prétexte: le but est de détruire ces races car elles sont le symbole de l'amour de l'Homme pour l'animal domestique.
Ceci donne lieu en Allemagne à un véritable lynchage médiatique. La presse caniveau et certains journaux télévisés s'en donnent à coeur joie. Les éleveurs amateurs sont systématiquement présentés négativement, dénigrés comme de dangereux criminels, sans possibilité d'exposer leurs arguments. Dans un pays adhérent à la Convention Européenne des Droits de l'Homme et signataire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, c'est sans doute ce que l'on appelle le respect des droits de la défense!
Le pire est que les hommes politiques semblent sensibles aux arguments des Griînen car, mal informés, ils pensent que l'opinion publique y est favorable.Ce qui se passe actuellement en Allemagne est fondamental; de l'issue du combat dépendra aussi notre sort car je ne vois pas ce qui pourrait empêcher ces idées extrémistes de traverser la frontière.
Heureusement, un espoir demeure: la poule nagasaki (qui encoure le plus de critiques en Allemagne) est considérée au Japon comme faisant partie intégrante de la culture nationale de ce pays et vient d'être classée, par l'ONU, comme valeur internationale à protéger.
Si seulement cela pouvait faire comprendre que nos animaux de races nationales font partie de notre histoire, de notre culture et de notre patrimoine national que nous léguerons à nos enfants et qu'il ne faut surtout pas détruire.
Dès lors une question se pose: comment ces écologistes extrémistes arrivent-ils à avoir autant d'influence?
Le sociologue Norbert Hélias a démontré dans son livre "La civilisation des moeurs" comment l'Homme, au fil des siècles, est devenu plus sensible au spectacle de la cruauté, comment sa perception du sang et de la souffrance a changé.
L'Homme s'est rendu compte que les animaux étaient certainement des êtres capables de plaisirs et de souffrances comme lui, et je pense que c'est tant mieux.Les animaux ne sont plus des "machines" comme au temps de Descartes à qui l'on peut tout faire endurer.D'après moi, l'Homme leur doit du respect et doit s'abstenir de les faire souffrir, jusqu'à ce que, parce qu'il est Homme, il décide de les tuer (le plus rapidement et le plus proprement possible) pour se nourrir.
La sensibilité, qui est la connaissance et le respect du principe de plaisir et de souffrance chez chaque être vivant est une valeur profondément humaniste et morale. Elle va dans le bon sens. Ainsi, je me prononce contre l'élevage des poules pondeuses en batterie car il engendre une souffrance inutile puisque nous avons les moyens de les élever autrement. Ne pas dénoncer cela, c'est laisser le champ libre aux extrémistes.
Malheureusement, l'écologie profonde a déjà rendu extrême le concept de sensibilité : cela s'appelle la sensiblerie. Elle s' incarne dans le mouvement végétarien. Celui-ci est caractéristique des ravages que peut provoquer un raisonnement à court terme, bien limité. Le raisonnement est le suivant : "Je ne veux pas qu'on fasse de mal aux animaux, je ne veux pas qu'on les tue, doncje ne mange pas de viande". Alors qu'un raisonnement intelligent et juste aurait permis de comprendre que si, précisément, on ne mange pas de viande, alors on élèvera plus d'animaux et que c'est cela qui les fera disparaître.
En fait, elle méconnaît le principe de base "une génération apparaît parce qu'une autre disparaît et lui laisse sa place", la vie et la mort ne sont que les deux faces d' un même concept. A chaque fois, l'écologie radicale, par sa totale irrationalité, sa totale inversion des valeurs, aboutit exactement au contraire de ce qu'elle visait.
C'est précisément l'excès de sensibilité qui est l'arme la plus terrible de l'écologie profonde. Ainsi, les protectionnistes intégristes ont réussi, en jouant sur les sentiments des personnes, àfaire passer petit â petit dans l'esprit du grand public, l'idée qu'un oiseau en cage est "malheureux", Et ils ne se sont pas privés d'utiliser des associations simplistes en parcourant ce champ lexical. "La cage a des barreaux, donc c'est une prison. L'oiseau y est enfermé et par conséquent malheureux. Or il n'a rien fait de mal pour être là, donc ceux qui l'y ont mis sont des criminels, et il faut absolument relâcher l'oiseau dans la Nature.".Se conjuguent ici, à nouveau, deux phénomènes: l'anthropomorphisme et la méconnaissance du grand public qui ignore la différence entre l'oiseau sauvage et l'oiseau domestique. Pour l'oiseau domestique élevé depuis des générations et des générations par la main de l'Homme, la cage n'est bien évidemment pas une prison: c'est sa maison, il s'y sent bien, il s'y sent en sécurité. Et la meilleure preuve est que lorsqu'on lui donne la possibilité de sortir dans la pièce où se trouve la cage, II ne tarde pas à y rentrer, et y dort toujours la nuit. C'est bien évidemment lâcher l'oiseau dans la nature qui serait criminel car il ne trouverait pas sa nourriture et mourrait.
De plus l'argument de la souffrance ne tient pas. Tous ceux qui ont déjà élevé des oiseaux savent qu'un oiseau malheureux (par exemple un inséparable lorsqu'il a perdu son conjoint) se met en boule et meurt. Nos oiseaux sont plein de vie, plein de gaieté et ils apportent cette gaieté au foyer. C'est la raison pour laquelle 15 millions d'entre eux ont déjà été adoptés par les familles françaises.
"Un oiseau domestique serait malheureux car il serait privé de liberté.".
Une telle ineptie est facile à démonter en posant cette question: est-ce que des chevaux ou des moutons
"enfermés" dans un pré sont malheureux ? Est-ce qu'un chat ou un chient "enfermé" dans votre maison ou votre propriété est malheureux
Tous ceux qui en ont savent bien que ce n'est pas le cas. Mais il est vrai que les écologistes extrémistes ont une forte propension à parler de ce qu'ils ne connaissent pas.

3.Et demain, que se passera-t-il?

 Les mouvements des écologistes extrémistes tels que le "Mouvement de libération animale", qui sont bien implantés dans le monde anglo-saxon et qui commencent à venir en France, désirent que les animaux et les objets naturels (tels que les arbres, les pierres etc..)  se voient reconnaître des droits inaliénables et deviennent "sujets" de droit comme les Hommes car d'après eux : "Tous les êtres naturels sont égaux en dignité".
Ce qui voudrait donc dire qu'ils pourraient nous faire, par l'intermédiaire d'avocats, des procès (pour tentative de meurtre, par exemple, ne riez pas!)
Pour nous aviculteurs, il suffit de se mettre dans la tête d'un écologiste extrémiste et de réfléchir comme lui pour savoir ce qui nous attend. Faisons un peu d'aviculture fiction". En fait, ils vont nous attaquer sur la notion de race, en confondant l'idéologie raciste humaine avec la notion de race animale, qui n'a évidemment rien à voir.
Ils vont répandre l'idée que si nous avons sélectionné des "races" pures d'animaux, en encourageant celle-ci à pondre plus que celle-là, ou à grandir plus vite et à être plus grande ou plus petite que telle autre, c'est que nous considérons que celle-ci est supérieure à telle autre et que c'est donc l'idéologie raciste qui nous imprègne et nous motive. Ils nous ferons des procès pour discrimination.
Or, faut-il rappeler qu'une race animale se définit comme une population qui possède suffisamment de gènes similaires et identiques pour que sa descendance lui ressemble physiquement en apparence et qu'elle se reproduise toujours identique à elle-même? Chez les humains, et en ce sens, une race n'existe pas (il faudrait, à la limite, de vrais jumeaux, un homme et une femme), il n'y a que des variétés de couleur.
Jadis, comme les gens ne bougeaient pas de leur terroir et étaient à peu près tous cousins, on pouvait retrouver certains traits dominants, mais en aucun cas pourtant, les enfants étaient identiques aux parents, même en apparence. Et aujourd'hui, avec la révolution des transports, cela n'existe plus.
Donc, les deux notions ne se superposent pas.
De plus, et c'est l'argument qui tuera ce qu'on essaiera de nous faire endosser, nous ne sommes pas racistes car nous ne considérons pas que telle race est supérieure à telle autre. La preuve nous les sauvegardons toutes!
Conclusion:
La meilleure façon de défendre le Bien est de nous servir de la valeur qui fonde la modernité:la Raison, notre raison et notre esprit critique, scientifique qui permet à chacun de comprendre la perversité et la dangerosité du mode de pensée de ces gens là.
Nous devrons sans cesse nous battre et nous faire entendre par les hommes politiques, les médias et l'opinion publique, et répéter sans cesse tous les arguments que je viens d'expliciter ci-dessus. Comme on l'a vu, le combat n'en est qu'à sa deuxième manche. Tout est encore possible.
II faut absolument que les gouvernements modérés comprennent qu'ils n'ont rien à voir avec les concepts extrémistes incohérents de ces mouvements puisqu'ils ne les partagent pas.
Je suis convaincu que beaucoup d'hommes politiques sont des gens compétents et intelligents. Je ne partage pas les clichés sur la pensée unique et la technocratie. Il faut simplement se rendre compte qu'ils sont des citoyens comme nous et que pour comprendre un problème qu'ils ne connaissaient pas ou qui peut sembler mineur, ils partent des informations dont ils disposent. Si ces informations proviennent toujours d'une seule source, alors ils sont prisonniers de cette information et les règles du jeu démocratique sont faussées.
Je crois que c'est à nous de présenter et de faire connaître la valeur de nos arguments et de nos actions. Je me veux résolument optimiste et pense qu'un jour prochain, un homme responsable comprenant la légitimité de nos demandes, viendra faire cesser l'injustice qui nous accable, par une législation appropriée.
Pour ma part, je milite en faveur d'une vision réformiste du soin à apporter à notre Planète, à la Nature-qu'on l'appelle environnement ou écologie, je m'en moque. C'est à dire que je suis certain que l'Homme est capable de corriger les mauvais effets de son développement industriel, grâce à la Science (qu'on pense aux recyclages, aux énergies de substitution). C'est en introduisant la Morale dans la Science que l'Homme trouvera la solution.
Je crois, tout comme Luc Ferry, qu'il faut dépasser l'opposition entre anthropocentrisme et écocentrisme. Il faut reconnaître que si l'Homme n'est plus un pur produit de la Nature, il n'est pas non plus "maître et possesseur de celle-ci", et si les animaux ne peuvent être "sujets de droit", ils sont déja "objets de droit" et peuvent être "objets de devoir pour l'homme"; le devoir de les respecter.