L'ELEVAGE DES OIES

Le temps n'est plus où tous les fermiers de notre pays, répondant à la demande de Charlemagne dans ses capitulaires, tenaient leur «maisons de campagne »largement pourvues en oies. Souvent rejeté, cet élevage récompense pourtant largement celui qui le pratique. On savait jadis apprécier cette volaille comme la plus productive de toute: sa chair, ses plumes, son duvet, sa peau, sa graisse ont perdu de leur réputation, il n'y a guère que le foie gras qui n'ait été oublié d'aucun gourmet depuis l'Antiquité. En dehors de cette spécialité qui regroupe quelques gros éleveurs, il n'est pas en France d'élevage intense de I oie, or ce dernier est un élevage typiquement familial et l'on ne saurait trop encourager dans cette. voie tous ceux qui le désirent.

LES DIFFÉRENTES RACES D'OIES

Plus ou moins volumineuses, les races que nous avons sélectionnées ne manqueront pas de répondre au désir de chacun. L 'éleveur traditionnel destinant 1 oie en toute simplicité à la casserole ou à la broche y trouvera son compte, -tout comme l'amateur de plumes ou le gourmet. Bien que ces races aient des aptitudes pronon-cées pour l'une ou l'autre vocation, vous pourrez en tirer tous les autres partis.

LEURS MOEURS

Après leur haut fait de guerre, un soir au Capitole, les oies ont acquis pour l'éternité leur réputation de fidélité et de vigilance. Bête à plus d'un titre, l'oie ne requiert pas pour autant l'approbation générale et le dicton populaire la veut même stupide.Il est vrai qu'isolée elle est souvent gauche et embar-rassée, et que sur l'eau. elle n'égale point les canards. Elle ne mérite cependant pas tant de mépris; familière, attachée à ses maîtres, elle se complaît en domesticité. Fort coquette, elle met le plus grand soin à entretenir sa propreté, c'est pourquoi il est déconseillé de l'associer aux poules et aux canards. Bonne mère, elle élève avec sollicitude ses petits~ aidée du jars qui protège avec efficacité sa famille. Leurs colères ne sont pas fortuites, les oies et les jars 4ont on craint tant les coups de becs ne deviennent irritables que lorsqu'on s attaque a leurs oisons. Le jars est polygame (trois à cinq femelles); l'ensemble du jars et de ses oies s'appelle un " jeu".

L'élevage des oies

Extrêmement rustique l'oie se contente de fort peu en toute chose, excepté en ce qui concerne la nourriture puisqu'elle bat, selon l'indice de consommation, toutes les autres volailles.

Leur logement

Une simple cabane, une vieille remise, un coin de hangar suffit à l'oie qui ne craint ni le froid ni humi-dité. Si vous voulez la gâter vous choisirez cependant un lieu vaste, clair et bien aéré. Au sol vous disposerez de la paille ou des copeaux de bois pour lui faire une litière, que vous renouvellerez chaque jour. Une mangeoire et un abreuvoir viendront compléter l'ensemble.

Leur terrain

Ce sera votre cour et les prés avoisinant si vous la laissez en semi-liberté ou la faites conduire par un enfant.Vagabonde par nature elle ira glaner des grains et des herbes aux alentours mais reviendra toujours. Comme les canards, elle fréquentera la mare ou, le cas échéant, la rivière, mais n'y passera pas le plus clair de son temps, son amour de l'eau ~se bornant aux besoins de sa toilette.

L'enclos

Si vous ne désirez pas laisser votre ((troupeau)) aller à sa guise, vous limiterez ses promenades à un enclos de verdure. Le plus grand possible, il comptera au moins cinq ares pour un jeu et sera divisé en deux pour permettre l'élevage tournant .Cet enclos sera attenant à la cabane ou au hangar, ce qui permettra a 1 oie de rentrer pour se mettre a I om-bre à la saison chaude. Au mieux, on prévoira quelques arbres.

LA REPRODUCTION

Dès l'âge de un an, pour l'oie comme pour le jars, on peut espérer la fécondation des oeufs. Pour constituer votre élevage vous pourrez soit élever deux couples d'oies, soit un jeu constitué de trois femelles de race lourde ou cinq de race légère.

La ponte

Elle commence généralement au printemps,, vers février-mars. L'oie pond environ un oeuf par jour pendant une quinzaine de jours et pond de nouveau environ un mois plus tard. La totalité de la ponte est d'environ frente à quarante oeufs. Un quart de ces oeufs est généralement clair et un quart des oeufs fécondés n'arrivent pas à éclosion; on consdère donc que 50 % seulement des oeufs pondus donne des oisons. L'oie pond généralement tôt le matin; vous la laisserez sortir et prélèverez les oeufs chaque jour si vous les faites couver par une poule ou une dinde, dans ce cas, il faut toujours laisser un oeuf (factice ou non) à l'oie pour qu'elle n'aille pas pondre dansdivers endroits, au gré de sa fantaisie. Il faut savoir que les oeufs servent à la reproduction, ainsi qu'a la consommation.

L'incubation:

Elle dure de vingt-huit à trente jours.

L'oie est bonne couveuse, on peut donc lui laisser ses oeufs. Elle sera souvent aidée en cela par le jars. Si vous faites couver les oeufs par une autre mère, vous les stockerez (maximum huit) dans un local pas trop sec, à 10°C environ. Quand vous aurez assez d'oeufs fécondés vous les confierez à la couveuse. S'ils pro-viennent d'une seule oie, vous les donnerez à une poule qui peut en couver quatre ou cinq. S'il y en a plus, provenant de plusieurs oies par exemple, vous les don-nerez à une dinde qui en acceptera une douzaine.

L'ÉLEVAGE DES OISONS

L'orsqu'ils naissent les oisons sont couverts d'une livrée de duvet jaunâtre et gris; on les appelle alors « pirons )). Fort maladroits pendant les deux premiers jours de leur vie, ils ne tardent pas à prendre de la robustesse en grandissant et dès la deuxième semaine ils peuvent se passer de leur mère.

Les quinze premiers jours

Après un jeûne de vingt-quatre heures, vos oisons réclameront de la nourriture. Pendant ces quinze jours, vous placerez les oisons avec leur mère dans la poussinière à 20 oC environ ou vous utiliserez l'éleveuse artificielle dont il faudra régler la température comme pour les poussins jusqu'à un mois

Les oisons resteront dans la poussinière; s'il fait beau et si l'herbe est tendre, vous pourrez les mettre au pré. Leur nourriture sera plus élaborée. Très gloutons, les oisons se précipitent sur leur pâtée et risquent de s'étouffer. Vous leur préparerez donc des pâtées bien friables, qui ne seront en aucun cas collantes ou liqui-des, que vous leur donnerez sans restriction quantitative deux fois par jour. Enfin, une fois par jour, il conviendra de leur donner, toujours à volonté, du blé et du maïs concassés en parties égales.

L'ALIMENTATION DES ADULTES

Elle est relativement simple puisqu'une solide pâtée, distribuée deux fois par jour, sera suffisante. Un apport de grains variés (principalement de maïs) et la verdure de l'enclos compléteront cette alimentation.